La protrusion et la hernie discale sont souvent utilisées pour désigner un seul et même problème affectant un disque intervertébral.
Le sujet est controversé : certains professionnels utilisent les termes protrusion et hernie de façon interchangeable. D’autres marquent une différence terminologique entre ce qu’ils concernent être deux pathologies différentes.
Si la hernie est souvent considérée comme le résultat d’une protrusion et, inversement, la protrusion est considérée comme une étape intermédiaire de la hernie, une différence pratique peut être remarquée.
La protrusion est le déplacement pathologique d’un organe vers l’avant. Elle est la conséquence d’un phénomène naturel et normal de vieillissement des disques. Elle ne cause pas forcément d’inconfort majeur.
Lorsque la couche externe du disque est rompue, on peut véritablement parler de hernie discale. Cette dernière provoque généralement une douleur très vive.
Mais comment ça fonctionne ?
Qu’est-ce qu’un disque intervertébral ?
Chaque vertèbre (cervicale, dorsale, ou lombaire) est séparée des autres par un disque intervertébral qui joue le rôle d’amortisseur. Riche en eau, ce disque, résistant et élastique, est composé d’une structure fibreuse et d’un noyau pulpeux, gélatineux. Avec le temps, il se dégrade progressivement.
Het protrusion et la hernie discale peuvent entraîner une irritation ou une compression des racines nerveuses. On peut alors ressentir des douleurs, l’engourdissement d’un membre, des picotements, une faiblesse musculaire ou d’autres symptômes invalidants.
Causes similaires
Si l’une est la conséquence de l’autre, les causes de l’une et de l’autre sont naturellement liées.
Une mauvaise posture, une lésion de la colonne vertébrale, une tension rachidienne
répétitive ou l’usure normale de l’âge peuvent entraîner une protrusion et/ou une hernie discale.
Causes de la protrusion
Dans le cas de la protrusion, on parle de disque contenu.
Il n’y a pas de déchirure ou de rupture dans la couche externe du disque.
Une petite bulle ressort du canal rachidien.
Le débordement du disque entre les vertèbres, causé par son affaissement, déclenche la protrusion.
Celle-ci se manifeste par un “dégonflement” progressif et de manière naturelle du disque intervertébral.
C’est précisément le vieillissement des disques qui engendre la protrusion.
Phénomène naturel lié à l’âge, la protrusion est inévitable une fois que l’on approche la quarantaine.
Elle peut néanmoins se manifester de manière plus précoce chez les personnes en surcharge pondérale ou souffrant d’obésité, chez les personnes exerçant un métier physique qui nécessite le port de charges lourdes, le penchement en avant, ou un métier répétitif, chez les personnes sédentaires également.
Causes de la hernie discale
Dans le cas de la hernie discale, on parle de disque non contenu.
La hernie discale est non contenue : on constate la présence de la déchirure, de la fissure ou de la rupture d’un disque intervertébral.
La hernie discale se caractérise par une saillie importante qui comprime les racines nerveuses et la moelle épinière.
On peut établir un lien avec un vieillissement prématuré de la colonne vertébrale que sollicitent la pratique sportive ou une activité professionnelle. Elle peut aussi être due à un choc qui a fragilisé la colonne.
La hernie discale est causée par l’affaiblissement des disques : leur état de santé est donc primordial.
Où se produisent la hernie discale et la protrusion ? Quels sont leurs liens ?
Les prémices de la hernie discale sont comparables à celles de la protrusion, mais une pression s’exerce tellement sur la paroi externe du disque qu’une rupture se produit en sa surface.
Plus fréquentes au niveau des lombaires, la hernie discale et la protrusion peuvent subvenir à tous les niveaux de la colonne vertébrale : dans le bas du dos comme dans le cou, ou dans la partie thoracique.
La protrusion est beaucoup plus fréquente que la hernie discale.
La protrusion est finalement une étape plutôt naturelle, en lien avec le vieillissement du segment mobile de la colonne vertébrale.
Avec le temps, elle peut entraîner une disparition progressive, voire complète du noyau : on parle ici d’une insuffisance discale.
On peut voir dans la hernie discale l’évolution de la protrusion.
Cette dernière ne procure généralement aucune douleur jusqu’à ce qu’elle touche une zone vascularisée et innervée.
Conséquences
Si la protrusion peut résulter en une hernie, ses conséquences directes ne sont pas aussi dramatiques.
Conséquences de la protrusion
La protrusion ne comprimant pas la moelle épinière, ses conséquences sont moindres. Une bonne hygiène de vie peut limiter les douleurs et la dégradation.
Toutes les protrusions ne sont pas douloureuses. Il est tout à fait possible d’avoir une protrusion discale et de ne pas en être conscient.
Conséquences de la hernie discale
Les conséquences de la hernie discale sont extrêmement douloureuses.
Comme le disque comprime les racines nerveuses, la hernie peut déclencher une sciatique, lorsqu’il s’agit des racines de la partie lombaire de la colonne vertébrale.
Les premiers symptômes de la hernie discale apparaissent sous la forme de fourmillements ou de picotements, d’une perturbation de la sensibilité pouvant aller jusqu’à l’insensibilité, d’une douleur dans certains membres (bras ou jambes), d’une perte de force musculaire même partielle ou complète, ou de troubles du sphincter.
La hernie discale provoque des douleurs irradiantes qui vont largement au-delà de la zone où elle se produit.
Traitement
De par leurs similarités, les deux maux se traitent de façon similaire, mais de façon plus radicale dans un cas que dans l’autre.
Traitement de la protrusion discale
Si le disque intervertébral n’a pas subi de rupture, le NHS recommande initialement du repos, avant de graduellement augmenter votre niveau d’activité physique.
Il recommande également d’alterner entre paracétamol et ibuprofène pour la gestion de la douleur. Le paracétamol seul n’est pas recommandé.
Traitement de la hernie discale
Il existe plusieurs manières de traiter la hernie.
Repos : Une étude espagnole de 2017 insiste sur l’importance du repos en terme de gestion de la douleur et de récupération neurologique. Il n’est donc pas étonnant, malgré l’intensité de la douleur, de se voir recommander du repos en cas de hernie discale.
Kinésithérapie : La thérapie physique est habituellement recommandée dans le traitement de la hernie tant dans les phases aiguës que chroniques. Selon une étude menée à l’Université de Hainan en 2022, bien qu’elle n’ait pas d’effet sur l’amplitude de mouvement de la colonne, la thérapie par traction lombaire réduit la douleur en cas de hernie lombaire (la plus commune).
Ergothérapie : Il est logique qu’il soit recommandé au patient d’adapter son environnement de travail et de vie en général afin d’éviter d’aggraver sa pathologie. Adopter de meilleures postures, de meilleurs gestes, et bénéficier d’un équipement adéquat sont essentiels. Là où la chirurgie peut fournir des résultats à court terme au niveau de la douleur, l’ergothérapie génère des résultats similaires sur le moyen et long terme. En cas de hernie géante, l’ergothérapie est préférée à la chirurgie.
Analgésiques : Les antidouleurs et anti-inflammatoires sont couramment utilisés dans la gestion de la douleur. Le paracétamol et l’ibuprofène sont utilisés en première intention, mais ne sont souvent pas suffisants. En fonction du patient, le médecin pourra également prescrire des opioïdes ou des corticostéroïdes, par voie orale ou épidurale.
Imagerie et chirurgie : Dans les cas les plus sévères, il pourra être nécessaire d’opérer. Cela étant dit, et même si cette durée varie géographiquement, il est recommandé de ne pas recourir à la neuroimagerie et à la chirurgie avant au moins 6 semaines (afin de ne pas en abuser inutilement) et de commencer par des traitements non-invasifs. La chirurgie offre le soulagement le plus rapide et, chez les jeunes adultes, offre de très bonnes perspectives de récupération. Il est important de considérer les risques neurologiques dans le cas d’une chirurgie du rachis. A noter également que la chirurgie doit s’accompagner d’exercices de rééducation.
Conclusion
La différence entre protrusion et hernie discale réside dans la position du noyau pulpeux et l’état de l’anneau fibreux du disque intervertébral.
Dans la protrusion, le noyau pulpeux déborde vers l’extérieur, l’anneau fibreux restant intact.
Dans la hernie discale, le noyau pulpeux sortant de son emplacement originel comprime les structures nerveuses.
La protrusion se caractérise comme une dégénérescence non définitive du disque, la hernie discale comme une altération définitive.
Si la protrusion n’est pas nécessairement pathologique, la hernie discale, en revanche, peut provoquer des douleurs et des névralgies.
Le traitement d’une hernie peut aller du simple repos à la chirurgie, en passant par la thérapie physique, l’ergothérapie, et l’utilisation d’antidouleurs.
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