Depuis 2023, Corset Daum rassemble chaque mois les études scientifiques les plus intéressantes concernant le rachis et le traitement des pathologies qui l’affectent.
C’est déjà le mois de mars, et tout comme le temps, notre soif d’apprendre sur le rahis ne s’arrête pas !
Ce mois-ci, nous explorons des thématiques aussi variées que l’influence des asymétries musculaires sur la lombalgie, l’implication de la sensibilisation centrale dans les douleurs chroniques, ainsi que les bienfaits de l’exercice physique – notamment l’entraînement en extension lombaire isolée – pour améliorer la prise en charge des patients. Voici un tour d’horizon des recherches récentes qui façonnent l’avenir des traitements du rachis.
Bonne lecture !
🏋️♀️ Impact de l'entraînement isolé en force des muscles extenseurs lombaires sur la réduction des lombalgies non spécifiques, de l'incapacité, et l'amélioration de la fonction : une revue systématique et méta-analyse
Robert Trybulski, Wilk Michał, Smoter Małgorzata, Bartłomiej Bogdański, Marta Bichowska-Pawęska, Ireneusz Ryszkiel, Mariola Gepfert, Filipe Manuel Clemente
Cette étude examine les effets de l’entraînement en extension lombaire isolée (ILEX) sur la douleur, le handicap et la fonctionnalité physique chez les patients atteints de lombalgie chronique non spécifique.
Huit essais randomisés ont été inclus, impliquant 381 participants. Les résultats indiquent une réduction significative de la douleur chez les patients pratiquant l’ILEX par rapport aux groupes témoins ne recevant aucun traitement (ES = -0.633, p = 0.004). Cependant, son impact sur le handicap (ES = -0.292, p = 0.190) et la force isométrique (ES = 0.967, p = 0.150) reste incertain.
L’ILEX cible spécifiquement les muscles extenseurs du dos en restreignant le mouvement du bassin, ce qui améliore la stabilité lombaire et réduit la charge sur les structures vertébrales. Toutefois, l’absence d’effets clairs sur le handicap et la force isométrique suggère que son efficacité pourrait être optimisée en l’associant à d’autres formes d’exercices ou de stabilisation pelvienne.
Les auteurs soulignent la nécessité de recherches supplémentaires pour évaluer les effets à long terme de l’ILEX, notamment en augmentant le nombre de participants et en analysant des facteurs tels que la variabilité individuelle des réponses au traitement.
🧬 Une nanoplatforme ciblée pour le traitement de la douleur neuropathique sciatique basée sur Fe₃O₄@ZIF‐8-RVC
Hao Li, Zhihao Zhang, Dingding Zhu, Huiyuan Zheng, Zhongze Zhu, Nana Shen, Zhu Guo, Xiaolin Wu, Xiaoying Qi, Qiang Li, Qingming Ma, Hongfei Xiang
Les douleurs neuropathiques sciatiques, souvent causées par une compression nerveuse au niveau lombaire, restent un défi thérapeutique majeur. Cette étude propose une nanoplatforme hybride, Fe₃O₄@ZIF‐8-RVC (FZR), combinant des nanoparticules de magnétite (Fe₃O₄) et un cadre organométallique ZIF-8 pour un traitement ciblé et contrôlé.
Le système fonctionne selon deux principes :
- Ciblage magnétique : Les particules Fe₃O₄ permettent une accumulation précise du traitement au niveau de la zone affectée.
- Libération pH-sensible : Le ZIF-8 assure une libération progressive des agents thérapeutiques en réponse aux microenvironnements acides, typiques des tissus enflammés.
Des tests sur modèles animaux ont montré une réduction significative de la douleur et une amélioration des fonctions nerveuses, suggérant que cette plateforme pourrait révolutionner la prise en charge des douleurs lombaires chroniques sans intervention invasive.
⚖️ Asymétrie spécifique au sexe des muscles lombaires paraspinaux chez les patients souffrant de lombalgie chronique : corrélation avec la durée et l'intensité de la douleur
Sihai Liu, Luis Becker, Bernhard Hoehl, Sandra Reitmaier, Lukas Mödl, Daishui Yang, Tianwei Zhang, Matthias Pumberger, Hendrik Schmidt
La lombalgie chronique (cLBP) est un problème de santé majeur, souvent associé à des modifications structurelles des muscles paraspinaux. Cette étude vise à analyser l’asymétrie musculaire lombaire et son lien avec la cLBP en fonction du sexe. Un total de 250 participants (133 avec cLBP et 117 sans douleur lombaire) ont été évalués via IRM pour mesurer la surface transversale (CSA), la surface transversale fonctionnelle (FCSA) et l’infiltration graisseuse (FI) des muscles psoas major (PM), quadratus lumborum (QL), érecteurs du rachis (ES) et multifidus (MF).
Les résultats montrent des asymétries musculaires significatives chez les patients atteints de cLBP, notamment au niveau du QL chez les hommes et des ES chez les femmes. L’infiltration graisseuse asymétrique est particulièrement marquée chez les patients cLBP, corrélée positivement avec la durée et l’intensité de la douleur (p < 0.05). Chez les femmes, une plus grande asymétrie du muscle érecteur du rachis à L5/S1 et du psoas major à L4/5 a été observée, tandis que chez les hommes, les différences étaient plus marquées au niveau du psoas major à L1/2 et L4/5.
Ces résultats suggèrent que l’asymétrie musculaire et la dégénérescence graisseuse des muscles lombaires jouent un rôle clé dans la pathogénie de la cLBP, avec des différences significatives entre les sexes. Une approche thérapeutique personnalisée, intégrant ces spécificités, pourrait améliorer la prise en charge des patients atteints de cLBP.
🧠 Comparaison des effets d'une physiothérapie psychologiquement informée et d'une physiothérapie conventionnelle sur la sensibilité à la douleur dans la lombalgie chronique : un essai contrôlé randomisé exploratoire
Hugo Massé-Alarie, Amélie Desgagnés, Claudia Côté-Picard, Olivier Liberty, Pierre Langevin, Mathieu Piché, Yannick Tousignant-Laflamme
Cette étude contrôlée randomisée visait à comparer l’efficacité de la physiothérapie psychologiquement informée (PiP) et de la physiothérapie classique (UP) sur la sensibilité à la douleur chez 40 participants souffrant de lombalgie chronique non spécifique. Les patients ont reçu sept séances de physiothérapie sur six semaines, suivies d’une séance de rappel à 11 semaines. Trois mesures de la douleur ont été évaluées : le seuil de douleur à la pression (PPT), la sommation temporelle de la douleur (TSP) et l’hypoalgésie induite par l’exercice (EIH).
Les résultats montrent que ni la PiP ni l’UP n’ont eu un impact supérieur sur la modulation de la douleur. Cependant, une augmentation du PPT a été observée dans les deux groupes, indiquant une réduction globale de la sensibilité à la douleur. En revanche, aucun effet significatif n’a été observé pour la TSP et l’EIH.
En analysant la relation entre les changements de la sensibilité à la douleur et les résultats cliniques, les auteurs ont constaté que l’augmentation du PPT et la diminution de la TSP étaient associées à une amélioration de la fonction physique. Toutefois, aucun lien significatif n’a été établi entre ces changements et la réduction de l’intensité de la douleur ou des symptômes de sensibilisation centrale.
Ces résultats suggèrent que bien que la PiP intègre une approche cognitive et éducative pour influencer la perception de la douleur, son efficacité sur la sensibilité à la douleur n’est pas supérieure à celle de la physiothérapie classique. Des études futures avec un plus grand échantillon sont nécessaires pour clarifier si la réduction de la sensibilité à la douleur peut jouer un rôle médiateur dans l’amélioration fonctionnelle des patients
Nous nous retrouvons le mois prochain pour de nouvelles avancées sur le rachis !