Depuis 2023, Corset Daum rassemble chaque mois les études scientifiques les plus intéressantes concernant le rachis et le traitement des pathologies qui l’affectent.
L’année 2025 s’annonce déjà particulièrement riche en découvertes scientifiques dans le domaine du rachis.
De l’évaluation de la performance de l’IA pour conseiller les patients du dos à la thérapie par les cellules souches, voici une synthèse des dernières avancées significatives sur la rachis de ce début d’année.
Bonne lecture !
Thérapie par cellules souches pour le traitement de la lombalgie discogénique : une revue systématique
Randy Randy, Khandar Yosua, Aswin Guntara, Nicko P. Hardiansyah
La lombalgie discogénique est une cause fréquente de douleur chronique et d’invalidité, souvent liée à la dégénérescence discale. Cette revue systématique analyse 8 études totalisant 283 patients traités par thérapie cellulaire intradiscale, incluant des cellules souches mésenchymateuses (CSM) issues de la moelle osseuse et d’autres sources.
Les résultats montrent une amélioration significative des scores de douleur sur l’échelle visuelle analogique (VAS) et du niveau de handicap selon l’Oswestry Disability Index (ODI), avec des valeurs de p < 0,00001. L’analyse de sous-groupes utilisant la concentration d’aspirats de moelle osseuse (BMAC) a également révélé des bénéfices notables. De plus, les évaluations par IRM ont indiqué des améliorations sur l’échelle de Pfirrmann, suggérant une régénération partielle des disques intervertébraux.
Malgré ces résultats encourageants, la forte hétérogénéité des études et l’absence de normalisation des protocoles limitent la généralisation des conclusions. Les auteurs soulignent la nécessité d’essais cliniques contrôlés à plus grande échelle pour confirmer ces observations et préciser les effets à long terme des thérapies cellulaires sur la structure discale et la douleur chronique.
La sensibilisation centrale dans la lombalgie chronique non spécifique : phénomène structurel ou réaction psychologique ? Une revue narrative
Józef Alfons Opara, Edward Saulicz, Jarosław Wojciech Szczygieł, Katarzyna Szczygieł
La sensibilisation centrale (SC) est un mécanisme dans lequel les neurones du système nerveux central deviennent excessivement réactifs à des stimuli normaux ou sous-seuils, contribuant ainsi à la chronicisation de la douleur. Cette revue narrative examine le rôle de la SC dans la lombalgie chronique non spécifique (LCNS) et explore si ce phénomène est principalement une altération structurelle du système nerveux ou une conséquence psychologique de la douleur persistante.
L’étude met en évidence plusieurs aspects clés de la SC dans la LCNS :
- Prévalence et impacts : La LCNS touche un grand nombre de personnes et représente une cause majeure de handicap. La SC est associée à une amplification de la douleur, des troubles du sommeil, de l’anxiété et de la dépression.
- Mécanismes sous-jacents : Des anomalies fonctionnelles et structurelles du cerveau, notamment dans le cortex somatosensoriel et le thalamus, ont été identifiées chez les patients atteints de LCNS. L’implication des glies et des médiateurs inflammatoires est également discutée.
- Évaluation de la SC : Trois outils principaux sont couramment utilisés pour évaluer la SC : le Central Sensitization Inventory (CSI), l’Allodynia Symptom Checklist (ASC) et le Pain Sensitivity Questionnaire (PSQ). L’imagerie cérébrale a aussi révélé des altérations spécifiques chez les patients avec LCNS.
- Perspectives thérapeutiques : La prise en charge de la SC nécessite une approche multimodale intégrant l’éducation du patient, la thérapie cognitivo-comportementale, l’activité physique et, dans certains cas, une prise en charge médicamenteuse ciblant le système nerveux central.
On peut alors conclure que bien que la SC joue un rôle central dans la chronicisation de la douleur, son origine exacte reste débattue. L’étude appelle à une meilleure standardisation des méthodes d’évaluation et à des recherches supplémentaires pour mieux comprendre les mécanismes impliqués et optimiser les traitements.
Tendances d'utilisation des antidépresseurs chez les personnes souffrant de lombalgie : une revue systématique
Giovanni E. Ferreira, Michael Di Donato, Christopher G. Maher, Christina Abdel Shaheed, Stephanie Mathieson, Alex Collie
La lombalgie est une cause majeure de douleur chronique et d’incapacité dans le monde. Bien que les antidépresseurs soient fréquemment prescrits pour gérer la douleur associée à la lombalgie, les schémas d’utilisation de ces médicaments dans cette population n’ont pas été clairement définis. Cette revue systématique vise à combler cette lacune en examinant les tendances de prescription des antidépresseurs chez les patients souffrant de lombalgie.
Les principales conclusions de l’étude sont les suivantes :
- Prévalence de l’utilisation des antidépresseurs : Environ 14% des patients atteints de lombalgie ont reçu une prescription d’antidépresseurs.
- Types d’antidépresseurs prescrits : L’amitriptyline est l’antidépresseur le plus couramment prescrit, suivi de la duloxétine.
- Indications de prescription : Ces médicaments sont principalement utilisés pour gérer la douleur associée à la lombalgie, plutôt que pour traiter des troubles dépressifs.
Les auteurs soulignent la nécessité de recherches supplémentaires pour évaluer l’efficacité et la sécurité de l’utilisation des antidépresseurs dans le traitement de la lombalgie. Ils recommandent également de développer des directives cliniques pour aider les professionnels de santé à prendre des décisions éclairées concernant la prescription d’antidépresseurs chez les patients souffrant de lombalgie.
Évaluation de la performance des chatbots IA dans la réponse aux questions des patients sur la lombalgie
Simone P.S. Scaff, Felipe J.J. Reis, Giovanni E. Ferreira, Maria Fernanda Jacob, Bruno T. Saragiotto
Cette étude transversale examine la précision et la lisibilité des réponses générées par quatre chatbots IA (ChatGPT 3.5, ChatGPT 4.0, Bing et Bard) sur des questions fréquentes liées à la lombalgie. L’analyse repose sur 1069 recommandations extraites de 120 réponses. La précision globale atteint 55,8 %, avec des résultats variables selon les domaines : les recommandations sur la prise en charge et le traitement sont relativement fiables (63 % de précision), tandis que celles sur les facteurs de risque sont les plus inexactes (60,9 % d’erreurs). Parmi les chatbots, Bard obtient le taux de recommandations précises le plus élevé (60 %), tandis que Bing affiche le plus grand nombre d’erreurs (56,3 %).
La lisibilité des réponses, mesurée via le score de Flesch Reading Ease, est jugée « raisonnablement difficile » (score moyen de 50,94). ChatGPT 3.5 et 4.0 produisent des textes particulièrement complexes, nécessitant un niveau universitaire pour être compris, alors que Bard est le plus accessible (niveau lycée). Cette difficulté de lecture pourrait nuire à la compréhension et à l’adhésion des patients aux recommandations.
Enfin, les chatbots incluent des avertissements sur la nature générale des conseils médicaux dans 70 % à 100 % des cas, un aspect positif pour éviter une mauvaise interprétation. Cependant, les performances variables des modèles et la présence d’informations erronées suggèrent que ces outils, bien que prometteurs, ne peuvent pas encore se substituer aux recommandations des professionnels de santé.
Nous nous retrouvons le mois prochain pour de nouvelles avancées sur le rachis !